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    André CASSOU

    Maire adjoint - Président du groupe MRC

     A Nanterre construisons aujourd'hui

    la gauche de demain

    Notre ville, Nanterre, est au cœur du projet de développement de la Métropole parisienne. Le projet de Grand Paris, le schéma directeur d'aménagement de la région Ile de France (SDRIF) désignent  le secteur de la Défense, et donc notre ville qui en est avec d'autres, partie prenante, comme un pôle majeur à développer.

    Ces perspectives attisent les convoitises de la droite sarkoziste à la tête du département des Hauts-de-Seine.

    Le parti communiste, qui gère la ville depuis 1935, a épuisé sa dynamique. Ses principaux élus locaux en ont pris acte et l'ont quitté. Ils n'inscrivent plus leur avenir politique dans ce cadre.

    Le parti socialiste, grand parti d'alternance au niveau national, est à Nanterre en panne de projet pour l'avenir de notre ville et sans personnalité pour l'incarner.

    Les uns sont sans avenir, les autres sans projet.

    La gauche doit rester l'avenir de Nanterre. Mais une gauche  qui ne saurait se réduire aux deux grands partis aux comportements hégémoniques et dont l'opposition réciproque stérilise les débats et nuit à la réflexion collective.

    Elle est à dynamiser et à rassembler sur de nouvelles bases en faisant retour sur l'essentiel : les valeurs.

    Ecologistes et républicains, ce qui nous rassemble à Nanterre est plus fort que ce qui nous différencie. Nous pouvons nous réunir autour des valeurs que nous partageons : éthique, morale, idéaux d'une République égalitaire, laïque, sociale,  fraternelle et émancipatrice, protection de l'environnement et développement soutenable et solidaire, renforcement du lien civique, droit à la tranquillité pour tous, construire le vivre ensemble dans le refus du communautarisme, renforcement de l'action éducative en donnant une nouvelle chance à ceux que le système éducatif a laissé au bord du chemin.

    Restaurer la confiance en la politique en ne promettant que ce que nous savons pouvoir mettre en œuvre. Enfin, dire ce que nous allons faire et faire ce que nous avons dit.

    C'est pourquoi j'appelle à la mise en place d'un Arc Républicain et Ecologique à Nanterre ouvert à tous ceux qui en partagent les valeurs et qui sont prêts à s'engager dans cette nouvelle dynamique pour assurer le futur de notre ville.

    D'ores et déjà, je propose d'engager cette démarche commune par la mise en place d'un groupe Ecologiste et Républicain à la communauté d'agglomérations du Mont Valérien.

    Cette dynamique résolument tournée vers l'avenir doit s'inscrire dans la continuité de l'histoire sociale de Nanterre en s'appuyant sur ses valeurs progressistes de solidarité et d'ouverture et en faisant appel à la mobilisation citoyenne.

    Les élections cantonales de mars prochain doivent constituer l'évènement fondateur de ce rassemblement porteur d'avenir pour Nanterre. Parlons-en sans tarder.


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  • Chevènement, premier non-socialiste invité à la Fête de la Rose en aoûtDépêche AFP, samedi 17 juillet 2010, 16h07.


     Le président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), Jean-Pierre Chevènement, sera le premier non-socialiste à être l'invité d'honneur de la Fête de la Rose pour sa 38e édition le 22 août à Frangy-en-Bresse, a annoncé samedi le député PS de la région Arnaud Montebourg.

    L'ex-socialiste et ancien ministre de la Défense a déclaré début juillet qu'il envisageait d'être candidat à l'élection présidentielle de 2012.

    "C'est un homme d'Etat, fondateur du PS d'Epinay avec Mitterrand, qui a une vision de la reconstruction du système économique dans la perspective de 2012", a estimé M. Montebourg pour expliquer ce "geste d'ouverture vers un partenaire traditionnel du PS".

    "Il a une vision dont on a besoin dans la reconstruction de la gauche actuelle", a-t-il ajouté.

    La Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse (Saône et Loire), imaginée par Pierre Joxe, marque traditionnellement la rentrée politique du Parti socialiste quelques jours avant l'université d'été de la Rochelle qui se tient fin août.


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    Réponse du Parti Socialiste (PS), MouvemenT Républicain et Citoyen (MRC) et Parti Radical de Gauche (PRG)

    à la déclaration des élus Communistes et d'Initiative Citoyenne (CIC) de Nanterre.

    A la veille des élections régionales de mars prochain, la dernière déclaration du groupe des élus Communistes et d'Initiative Citoyenne de Nanterre relève d'un profond désarroi !

    Tiraillés entre ceux qui font en sous-main la campagne d'Europe Ecologie en attendant le moment propice du ralliement, ceux, les plus sincères, qui sont mobilisés derrière le Front de Gauche et les quelques-uns séduits par le NPA de Besancenot et son évolution communautariste, le groupe CIC ne peut donc clairement appeler à voter pour une seule et même liste tant il est profondément divisé.

    C'est le principal enseignement de cette déclaration.

     

    On ne sait pas pour qui il appelle à voter, mais on comprend clairement de qui ces élus appellent à se garder. Après la rhétorique obligée contre la droite au pouvoir, l'adversaire est tout désigné : ce sont ces élus et militants dont on doute toujours de leur ancrage à gauche et que l'on soupçonne d'être « prêts à passer des compromis inacceptables » notamment sur l'aménagement de Seine Arche : la liste de Jean-Paul Huchon soutenue par le Parti Socialiste, Le Mouvement Républicain et Citoyen, le Parti Radical de Gauche et le Mouvement Unitaire Progressiste.

    Les temps changent, mais les vieux réflexes demeurent, il s'agit toujours de « plumer la volaille socialiste » ! Chassez le naturel, il revient au galop !

    C'est le deuxième enseignement de cette déclaration.

    La gauche socialiste et républicaine est indispensable pour garder Nanterre à gauche, mais on s'efforce de la reléguer au rang d'utilité dès la victoire acquise afin que le combat de tous devienne le succès d'un seul !

    Sur la mise en œuvre du programme municipal, à l'élaboration duquel ils ont largement participé, comme sur la bataille engagée pour un aménagement raisonné du quartier Seine Arche, les élus socialistes et républicains n'ont aucune leçon à recevoir de quiconque. Forts de leurs convictions et à la place qui est la leur, ils mèneront le débat en toute transparence hors des petits arrangements qui pourraient prévaloir à la direction de l'EPASA comme à celle de l'EPAD.

    A Nanterre, le groupe CIC a de nouveau ouvert la chasse aux réformistes. Nous leur rappellerons tout tranquillement les enseignements de notre histoire sociale. Du Front Populaire et les congés payés, du Conseil National de la Résistance et la Sécurité Sociale, de la Couverture Médicale Universelle à la mise en place du RMI et aux 35 heures dans les années 90 et 2000, le peuple de Gauche sait à qui il doit ces avancées sociales que la droite n'a de cesse de remettre en cause aujourd'hui.

    Il faut savoir raison garder et surtout ne pas injurier l'avenir. A Nanterre, à la Région comme dans le pays, hors de l'union des forces de gauche, dans le respect de toutes ses composantes, c'est la droite qui l'emporte. Nous pensons quant à nous que nous avons un socle commun de valeurs sur lesquelles il sera possible dès le soir du 1er tour de faire liste commune et, la victoire acquise, gérer demain ensemble la Région comme nous le faisons aujourd'hui.

    Les 14 et 21 mars, nous élus Socialistes et Républicains appelons au plus large rassemblement de soutien à la liste conduite par Jean-Paul Huchon, seule à même, à Nanterre, comme en Ile de France, d'organiser la résistance contre le gouvernement Sarkozy et ses affidés dans notre département.

    Les secrétaires de section de Nanterre

    du PS, du MRC,  du PRG et du MUP (Mouvement Unitaire Progressiste)

    Les élus des groupes PS et MRC de Nanterre


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  • Par Jacques JULLIARD - historien journaliste

    1. Nous vivons un nouvel âge du capitalisme. Après l'ère des managers, voici venue celle des actionnaires. Les détenteurs du capital, longtemps silencieux, ont mis au pas les gestionnaires, qui s'appuyaient sur leur expertise technique. Les seconds pouvaient avoir le sens de l'intérêt général ; ils s'accommodaient de certaines formes de régulation et négociaient avec les syndicats la répartition de la plus-value. Les actionnaires, au contraire, se désintéressent de l'objet même de leur investissement ; ils réclament des profits immédiats et énormes, jusqu'à 15% du capital investi. C'est pourquoi ce nouveau capitalisme consacre le triomphe de l'hyperlibéralisme. Il est de nature essentiellement financière et bancaire, le plus souvent déconnecté de l'économie réelle. Il est donc avant tout spéculatif. Il est à l'origine de la crise mondiale que nous traversons.

    2. Ainsi le nouveau capitalisme a choisi de ressusciter son pouvoir de classe dans sa nudité. Il s'est installé à la faveur de l'effondrement des régimes communistes. Sans concurrence ni contestation, il a pu imposer ses exigences sans en craindre des conséquences politiques et sociales. Il a multiplié les licenciements spéculatifs, les délocalisations, sans redouter les réactions exclusivement défensives de la classe ouvrière. Il a éliminé toute concertation globale, tant avec l'Etat qu'avec les syndicats. Dans le domaine bancaire, il s'est lancé dans une fuite en avant sans précédent, multipliant les spéculations risquées et inventant des produits financiers dérivés sans contrepartie économique réelle. Sans égard pour les situations sociales souvent dramatiques qu'il suscitait, il a fait sauter le vernis de civilisation qui, depuis la Seconde Guerre mondiale, recouvrait le capitalisme évolué.

    3. C'est à la faveur de la mondialisation de l'économie qu'un grand coup de force intellectuel et social a pu être exécuté sans coup férir. Le capitalisme financier a su tirer parti de l'ouverture des marchés émergents, mettre en concurrence les travailleurs à l'échelle internationale pour faire pression sur les salaires. Il s'est imposé comme la seule hyperpuissance à l'échelle planétaire, au détriment des Etats.

    4. La déréglementation de la production, des marchés et des services, dont Ronald Reagan, Margaret Thatcher et George W. Bush ont été les agents les plus actifs, n'a pas tardé à produire ses effets néfastes, rendus visibles par la crise financière commencée en 2008. En dépit des vœux de l'opinion publique, des experts et d'une partie de la classe politique, le néocapitalisme continue de s'opposer victorieusement à tout retour de la réglementation. Les G7, G8, G20 en ont été pour leur frais. Jamais la domination du secteur financier sur le secteur industriel, et du secteur économique sur le secteur politique et diplomatique, ne s'était affirmée avec une telle arrogance, malgré le discrédit des acteurs.

    5. Dans les grands pays industriels, la financiarisation de l'économie s'est accompagnée d'une désindustrialisation délibérée et de la destruction d'emplois par millions. Désormais, le plein-emploi n'est plus recherché comme un objet de l'activité économique ; le chômage est devenu structurel ; le néocapitalisme s'est reconstitué une armée industrielle de réserve.

    6. Le néocapitalisme a retrouvé ses instincts prédateurs longtemps endormis dans la recherche de la paix sociale. Les dirigeants des grandes entreprises partagent désormais la mentalité des actionnaires. Il s'agit pour eux de se vendre le plus cher possible et d'accumuler en quelques années, parfois en quelques mois, des fortunes colossales. La rémunération des dirigeants, longtemps marginale dans le chiffre d'affaire des entreprises, est devenue un poste considérable. L'explosion des bonus, parachutes, primes, indemnités de toutes sortes a décuplé en une vingtaine d'années. Le continuum des rémunérations a fait place à une société de corps séparés et de privilèges, telle qu'elle existait en France à la fin de l'Ancien Régime.

    7. Privés de toute perspective d'avenir, de tout projet positif, les syndicats se sont repliés sur une posture purement défensive de préservation de l'emploi et des rémunérations. Les grandes entreprises ont éliminé toute concertation globale et, dans le meilleur des cas, regardent les syndicats comme des auxiliaires utiles dans le maintien de l'ordre social. En perte de vitesse auprès de leurs adhérents, ceux-ci se trouvent marginalisés dans le nouvel ordre économique. Nous vivons un véritable réensauvagement des rapports sociaux.

    8. L'Europe, qui, à cause des positions de ses deux nations de tête, l'Allemagne et la France, aurait dû jouer un rôle de contrepoids aux tendances hyperlibérales du capitalisme anglo-saxon, a failli complètement, au chapitre économique comme au chapitre politique. Conduite par des politiciens médiocres et sans vision, elle s'est faite l'instrument docile des tendances les plus dérégulatrices du capitalisme international. Cette véritable forfaiture explique le discrédit qui la frappe dans les classes populaires de tous les pays membres.

    9. A l'échelon politique national, la deuxième gauche, qui s'était donné pour mission la modernisation économique et culturelle de la France, grâce à la participation de la société civile à la décision politique, représente une voie désormais dépassée. Elle reposait sur la notion de compromis social, c'est-à-dire la négociation entre les principaux partenaires économiques. Cette voie contractuelle a été délibérément bafouée par le néocapitalisme qui, assuré de la victoire, a préféré l'affrontement. C'est la fin de l'idéal d'une société policée, soucieuse d'affermir le lien social. Quelques-uns des membres les plus éminents de la deuxième gauche se sont fait les auxiliaires du pouvoir sarkozien : c'est dire l'étendue de leur renoncement et de leur faillite.

    10. Le risque actuel, c'est un nouveau populisme. Le prolongement de la crise, désormais probable, notamment sous la forme du chômage, crée un trouble politique profond. A la différence de celle de 1929, où la faillite du libéralisme conduisait la droite à envisager des solutions fascistes et la gauche des solutions communistes, le monde politique est aujourd'hui muet. Il en va de même des intellectuels chez qui les droits de l'homme et l'écologie constituent des religions substitutives de salut. L'absence de solution politique favorise le développement de dérives psychologiques : l'envie, la haine de l'autre, le culte du chef, la recherche du bouc émissaire, le culte de l'opinion publique à l'état brut représentent autant de succédanés au vide politique béant de la période.

    11. Les droits de l'homme ne sont pas une politique. Ils sont un problème ; non une solution. Ils sont une exigence nouvelle de la conscience internationale ; mais ils tardent à se concrétiser dans un mouvement politique cohérent. D'autant plus que l'alliance traditionnelle entre le libéralisme économique et le libéralisme politique est en train de se déliter. La Chine donne l'exemple inédit d'un grand marché libéral gouverné par une dictature politique intransigeante. La bataille pour les droits de l'homme est de tous les instants ; mais elle a besoin de s'inventer dans une politique internationale nouvelle.

    12. L'écologie n'est pas une politique. Pour le système industriel, la défense de l'environnement n'est pas à l'échelle macroéconomique une solution à la crise et au chômage, mais une contrainte supplémentaire. Pas plus que l'informatique hier, elle ne saurait répondre aux problèmes posés par la financiarisation de l'économie et l'absence de régulation à l'échelle internationale. Elle tend à rendre plus coûteuse et plus difficile la relance économique nécessaire pour donner du pain et du travail aux habitants de la planète. L'écologie demeure bien entendu une préoccupation nécessaire ; une ardente obligation économique et sociale, non le prétexte à des opérations politiciennes.

    13. La révolution n'est pas une politique. Aussi longtemps que le socialisme centralisé n'aura pas apporté la preuve qu'il pouvait changer le modèle de développement sans attenter aux libertés civiques, il restera inacceptable, et du reste inaccepté par les citoyens. Le piétinement des partis révolutionnaires, incapables de trouver une base de masse dans les milieux populaires, en fait l'expression de la mauvaise conscience, voire de la conscience mystifiée des nouvelles classes moyennes. Ils sont l'une des formes principales, insuffisamment soulignées, de la démobilisation de l'électorat de gauche. Face au néocapitalisme, le gauchisme ancien n'a strictement rien à dire.

    14. Pour autant, l'antisarkozysme ne saurait être une solution. Le sarkozysme est un étrange corps mou et caoutchouteux. Elu sur une campagne hyperlibérale, Nicolas Sarkozy s'est retrouvé sur des positions dirigistes deux ans plus tard. Favorable à un rapprochement avec l'Angleterre, il a fini comme ses prédécesseurs par privilégier l'alliance avec l'Allemagne. «Américain» au temps de George W. Bush, il a fini par incarner les velléités de résistance européenne à l'hégémonie américaine. Son évolution actuelle, qui n'est pas sans rappeler le bonapartisme de Napoléon III, en fait une silhouette mouvante et une cible illusoire.

    15. L'alliance exclusive avec le centre ne saurait être une solution. Le programme d'un regroupement centriste ne serait guère différent des pratiques politiques de Nicolas Sarkozy depuis le déclenchement de la crise économique : ce serait celui de l'aile éclairée du néocapitalisme, sans influence sur le cours des événements. Sa base sociale se révélerait vite des plus étroites. Sa cohérence ne résisterait pas à l'exercice du pouvoir. Pour autant, l'évolution d'une grande partie de l'électorat centriste doit être prise en compte. Pour des raisons politiques, sociales, mais aussi culturelles, il est en train de se détacher du principe jusqu'ici immuable de l'alliance à droite.

    16. Pour les mêmes raisons, la gauche ne saurait être représentée, lors de l'élection présidentielle, par un représentant de l'establishment financier. L'élection d'un tel candidat, incapable d'établir un rapport de forces avec les représentants du milieu dont il serait issu, conduirait aux mêmes impasses et aux mêmes désillusions que l'alliance centriste. Le candidat de la gauche doit être porteur d'une solution alternative.

    17. L'avenir est à un grand rassemblement populaire, ouvert à toutes les forces hostiles au néocapitalisme, du centrisme à l'extrême gauche, décidé à installer un nouveau rapport de forces au sein de la société. Au fur et à mesure que la crise développera ses effets, la nécessité d'un tel rassemblement s'imposera davantage. Elle ne pourra se réaliser uniquement à partir de combinaisons d'appareils ; c'est la société qui doit l'imposer à ceux-ci. La nature de ce rassemblement sera évidemment d'essence réformiste et se pensera au sein de l'économie de marché. L'avenir est à une social-démocratie de combat.

    18. Le facteur déclenchant pourrait être la constitution d'un bloc syndical, doté d'un programme d'urgence, dont la CGT et la CFDT doivent prendre l'initiative. Les clivages syndicaux actuels sont des héritages de la guerre froide, que seule la tendance des appareils à se reproduire à l'identique continue d'imposer. A défaut d'une unité organique qui est l'objectif à moyen terme, un pacte d'unité d'action s'impose. Il ne devrait pas se limiter à des objectifs purement défensifs, mais ambitionner, comme à la Libération, une réforme en profondeur des structures financières et économiques du pays. Ce nouveau bloc devra envisager la coordination de son action à l'échelle internationale, et d'abord européenne.

    19. Le premier objectif du rassemblement populaire doit être la maîtrise du crédit, au moyen de la nationalisation, au moins partielle, du système bancaire, qui est à la source de la crise actuelle. Telles qu'elles fonctionnent actuellement, la plupart des banques ont déserté leur mission essentielle, à savoir la collecte des capitaux au service de l'expansion économique, au profit d'activités purement spéculatives et nuisibles. Le but de la nationalisation est de ramener le système bancaire à sa fonction productive.

    20. La destruction de toute forme de planification indicative et de toute politique industrielle, en un mot de toute espèce de régulation, est l'une des causes principales des dérives que nous connaissons aujourd'hui. La nécessité de rétablir une régulation économique respectueuse du marché est aujourd'hui comprise de tous. Seuls manquent pour le moment la volonté politique et les moyens de l'exercer. Il appartient à un rassemblement démocratique de les faire apparaître.


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  •  par Aquilino Morelle

    Aquilino Morelle, professeur de science politique, ancien conseiller de Lionel Jospin et membre du comité de rédaction de nonfiction.fr, publie aujourd'hui dans Libération son opinion sur l'avenir de la gauche dans un article intitulé 'La gauche et la fatigue d'être soi', à la suite de Jacques Julliard, Luc Ferry et Marcel Gauchet. Nous le reproduisons ici.

    " C'est avec un sourire aux lèvres narquois que certains ont pu lire la récente tribune de Jacques Julliard (Libération du 18 janvier) et s'amuser de ce qui a pu leur paraître un acte de contrition. Une telle ironie serait injuste et infondée. Injuste, car à l'heure où tant d'intellectuels « de gauche » sont résignés, vaincus ou convaincus par la doxa libérale, ce texte d'une figure historique de la « deuxième gauche » représente un effort de lucidité et un acte de résistance salutaires. Infondée, car si la deuxième gauche doit procéder à son examen de conscience, notamment quant à sa propension à faire la leçon, c'est bien de l'identité de la gauche tout entière qu'il est question. Il n'y a qu'une seule trajectoire politique : celle de la gauche. Le retour sur les trois marqueurs politiques, réels ou supposés, de cette « deuxième gauche » le montre bien.


    Une « gauche du réel » ? La deuxième gauche s'était arrogé un premier titre de noblesse : le réalisme. Etrange prétention : le réalisme est la démarche même de la politique, de toute politique. Sans analyse ni compréhension du réel, pas de politique ; et pas de politique non plus sans la volonté tenace de changer ce réel. Le réalisme n'est pas la soumission au réel. A gauche, le réalisme impose l'audace, la crétaivité, la liberté d'analyse, le courage dans les propositions, suppose la volonté de transformer la société, propose la vision d'un progrès collectif et partagé. Pour le dire autrement, le réalisme, pour la gauche, impose l'utopie. « L'utopie ne signifie pas l'irréalisable, mais l'irréalisé », nous a appris Théodore Monod. Le « devoir de grisaille » que revendiquait Michel Rocard dans sa déclaration de politique générale doit être équilibré par un devoir d'utopie. L'utopie doit être la boussole de la gauche. Sans utopie, la gauche étouffe. Articuler utopie et réalisme, c'est le seul moyen pour la gauche de dessiner la « solution alternative » qu'à juste titre Jacques Julliard appelle de ses vœux, d'être écoutée et entendue des citoyens, de gagner leur confiance et les élections. C'est aussi le seul moyen de gouverner loyalement, honnêtement, utilement. Gouverner et non gérer. Trop souvent, la gauche s'est engluée dans une fascination gestionnaire qui a fini par l'immobiliser dans le conformisme et stériliser son action.


    Une gauche « moderne » ? Pendant trente ans, l'air du temps fut libéral et la deuxième gauche s'est voulue « moderne », sans voir l'impasse libérale dans laquelle elle entraînait toute la gauche. Cette course à la « modernité » nous a conduits à un alignement sur la doctrine conservatrice. Le kéynesianisme ? Dépassé. L'Etat ? Un problème, toujours. La nationalisation ? Jamais, plus jamais. La privatisation ? Souvent, sans en mesurer les dangers et les dérives. Les services publics ? A moderniser, forcément à moderniser. La mondialisation ? Heureuse. Même fuite en avant dans le champ politique. La République ? Ringarde. L'égalité ? Evacuée et remplacée par l'équité. La laïcité ? Fatigante à défendre, on lui préfère la tolérance. La Nation ? Dangereuse par nature (« le nationalisme, c'est la guerre ») et, de toute façon, caduque (« la France est notre patrie, l'Europe est notre avenir »). Mais être moderne, ce n'est pas s'agenouiller devant l'idéologie dominante du moment. Etre moderne, c'est aussi rester fidèle à ses valeurs et à ses principes. N'est pas moderne qui veut, qui le proclame à longueur d'éditorial ; n'est pas forcément moderne le contemporain.

     Une gauche « morale » ? Avec Julliard, on peut voir dans la collusion avec l'establishment financier, politique et médiatique une forme d'immoralité et un piège dans lequel la seconde gauche est souvent tombée- avec délices pour certains de ses hérauts. La vraie immoralité, pour la gauche toute entière, a été d'accepter la coupure avec les classes populaires. La « désinflation compétitive » qui provoqua la montée du chômage de masse, l'abdication de sa responsabilité- « contre le chômage, on a tout essayé »-, sa résignation devant l'explosion des inégalités sociales et sa faiblesse devant l'impudence de ceux qui tentaient de justifier l'injustifiable : telles furent les principales étapes de cette coupure.
    Au cœur de ce mouvement historique : l'Europe. Face aux difficultés de l'action, une large part de la gauche a abandonné  le socialisme pour lui substituer un credo européiste. Or, si le socialisme du XXIe siècle ne peut se définir et agir qu'au niveau de l'Europe, l'Europe telle qu'elle a été pensée et conçue dès le 1957 et telle qu'elle existe désormais est de nature libérale : son code génétique est inscrit dans le traité de Rome et il est libéral. L'« Europe sociale » n'est qu'un slogan de campagne et restera une illusion tant que les fondements politiques et juridiques actuels de l'Europe n'auront pas été changés. Quant à l'indispensable régulation du capitalisme et à la maîtrise de la mondialisation, comment même les imaginer sans une Europe différente ?
    L'idée socialiste doit rester vivante, doit être défendue et non évacuée. L'exigence que porte cette idée, cette exigence de transformation réelle des conditions de vie et de propulsion dans l'avenir, est certes très difficile à satisfaire. Nombreux sont ainsi ceux qui se contentent avec soulagement d'un réformisme tiède, insipide, mais « de gauche ». Il y a une « fatigue d'être soi » propre aux socialistes. Mais sans cette exigence, plus rien n'a de sens. C'est cette exigence que vient de retrouver Jacques Julliard. Tant mieux. Il n'y a jamais assez de talents pour construire la « social-démocratie de combat » à laquelle- c'est sa conviction et je la partage- appartient l'avenir. A ce propos, cher Jacques Julliard, la « social-démocratie de combat » porte un beau nom, inscrit dans l'histoire : le socialisme. ".

     Libération, le 27 janvier 2010


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