• Tribune Nanterre Info du mois de mai des élus MRC

    De la nécessité de repenser l'universel

    de Catherine MOURET, Conseillère municipale

    Un débat mené de manière assez nauséabonde a animé la campagne des régionales avec « l'identité nationale ». La manœuvre était évidente et la gauche a eu raison de la combattre. Mais, il ne suffisait pas de la dénoncer, fallait-il encore y apporter des éléments de réponse.

    Il y a en effet danger à réduire une nation à sa seule identité culturelle, car c'est à terme conduire à des communautarismes pluriels qui renoueraient avec la conception réactionnaire de Joseph de Maistre : « Seules ont une réalité et une valeur les différentes traditions nationales ». Je préfère être du côté  de Renan : « Avant la culture française, la culture allemande... il y a la culture humaine ». L'on est bien là au cœur du débat ! Quelle société voulons-nous demain ? Des relégations multiples de communautés culturelles fermées sur elles-mêmes et qui, par voie de conséquence, n'arriveraient plus à communiquer sur ce qu'il y a d'universel en elles ? « L'homme n'appartient ni à sa race, ni à sa langue, il n'appartient qu'à lui-même, car il est libre.. » ( Renan). Et c'est très probablement parce qu'il y a encore parmi nous quelques « dreyfusards » qui en appellent à des valeurs universelles, que la « discrimination positive » peine à prévaloir. Mais nul n'ignore  les combats  à mener pour que s'impose un traitement égalitaire de tous, et ce, d'où qu'ils viennent, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs.

    Le message hérité des Lumières et repris par la Révolution française porte en lui une valeur universelle qui fait que la Nation est un corps « d'associés » autonomes et égaux. C'était il y a plus de deux cents ans, direz-vous ? Mais regardez aujourd'hui le Ministre Besson qui raisonne en terme d'identité, donc d'intégrité culturelle : pour lui, la collectivité nationale a besoin pour sa propre survie de la disparition des autres communautés, chacun différent, chacun chez soi et pas tous égaux ! Alors qu'il est possible de dire simplement, sans démagogie ni repentance, aux minorités vivant dans notre pays : je vous considère comme des individus égaux et libres, avec néanmoins l'exigence que soient rejetés les usages, y compris les plus anciens, qui bafoueraient les droits élémentaires de la personne. Nous pouvons comprendre que pour des émigrés récents la France ne soit pas une terre promise, mais ce n'est pas en réservant aux seuls « occidentaux » les bienfaits de la souveraineté individuelle que l'on s'acheminera vers un meilleur accueil de ces populations.

    Je terminerai sur cette phrase de Gombrowicz : « En fait, être français, c'est justement prendre en considération autre chose que la France ».


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